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À la rencontre de...

WAX part à la rencontre d'une personnalité, du passé, du présent, et du futur aussi.

Entrevue avec Florestan, ingénieur en ONG

Après la rédaction de l’article “Ces ingénieurs qui travaillent en ONG” nous avons été contactés par Florestan, Ingénieur Biomédical qui souhaitait nous faire part de son expérience dans l’ONG Médecins Sans Frontières en Haïti. Nous avons alors pu lui poser toutes nos questions.

Après la rédaction de l’article “Ces ingénieurs qui travaillent en ONG” nous avons été contactés par Florestan, Ingénieur Biomédical qui souhaitait nous faire part de son expérience dans l’ONG Médecins Sans Frontières en Haïti. Nous avons alors pu lui poser toutes nos questions.

 

Bonjour Florestan, alors pour commencer pourrais-tu nous raconter un peu ton parcours Universitaire ?

Bonjour ! Pour commencer, j’ai obtenu mon Baccalauréat Scientifique ; à la suite de cela, j’ai opté pour un BTS Systèmes Electroniques où j’y ai rencontré un excellent professeur qui m’a conseillé plusieurs domaines d’avenir liés à l’électronique. J’ai alors choisi la filière du biomédical, j’ai donc fais ma 3ème année de Licence en Ingénierie Biomédicale à Lorient, année durant laquelle j’ai pu faire un stage à Vancouver, au Canada. J’avais deux projets durant mon stage, le premier était spécialisé dans les respirateurs d’anesthésie et le second consacré aux “Optical Coherence Tomography workstations” stations de travail des Ophtalmologues utilisées pour détecter certains problèmes oculaires (glaucome, AMD). J’ai ensuite terminé mes études à Nice où j’ai eu mon Master GBM (génie biomédical).

 

Est-ce à ce moment-là que tu as découvert l’aspect “aide à la personne” que pouvait proposer le domaine de l’ingénierie ou l’idée d’intégrer une ONG était déjà dans tes projets ?

Alors non, c’est plutôt après avoir travaillé à la fin de mes études dans une entreprise pharmaceutique que je me suis rendu compte que cela n’était pas fait pour moi. C’est un peu par hasard en voyant une offre de MSF (Médecins Sans Frontières) Belgique qui recherchait un Ingénieur Biomédical pour une mission en Haïti que je me suis lancé. Je me suis alors renseigné sur cette île et ses conditions de vie. La pauvreté des habitant.e.s, les injustices sociales et leur malédiction géologique m’ont clairement motivé à aider ces habitants de « l’île maudite », surnom de cette Perle des Caraïbes. En Haïti, il n’y a pas de sécurité sociale et si on n’a pas d’argent on ne se soigne pas. Le salaire moyen est de 1$ par jour et la nourriture est très chère. En mission, j’arrive à voir l’impact direct que j’apporte aux gens, alors que dans le privé, j’avais le sentiment de servir uniquement à faire gagner de l’argent à une entreprise.

En quoi consistait ta mission en Haïti

Ma mission concrètement était de superviser des équipes de Techniciens Biomédicaux Haïtiens, sur 3 hôpitaux de l’île et de gérer tous les appareils biomédicaux, leur entretien, s’assurer qu’ils fonctionnent et que le stock est suffisant, de former les utilisateurs. Lorsque je dis appareil biomédical, cela concerne tous les Dispositifs Médicaux électriques ou électroniques et cela de façon très large, cela peut être un pousse-seringue ou encore un scanner, un concentrateur d’oxygène. Durant toute ma mission, j’ai pu collaborer avec un large panel de professionnels aussi bien des fournisseurs basés en Europe que des Chirurgiens, le Directeur de l’hôpital, des Pharmaciens et même des Architectes.

Que conseillerais-tu à un Ingénieur fraîchement diplômé ?

Si je peux donner un conseil c’est vraiment de partir à l’étranger faire un stage, une mission ou un volontariat mais surtout en dehors de l’Europe. On y apprend beaucoup plus en rassemblant toutes les compétences de part et d’autre du monde, on apprend une façon de travailler qui est différente, c’est évidemment très enrichissant d’un point de vue personnel et professionnel.

 

Est-ce difficile d’intégrer une ONG en tant qu’Ingénieur ?

Il n’y a pas vraiment beaucoup de poste donc oui, par exemple chez MSF Belgique nous étions seulement deux, dans le domaine du biomédical en tout cas.

La demande est restreinte donc ?

Oui c’est ça, en plus, beaucoup de personnes sont freinées car ce sont des pays dangereux. Malgré la sécurité mise en place, nous ne sommes pas vraiment beaucoup, cela dépend aussi du domaine. La Croix Rouge recrute un peu également mais ils travaillent avec des bailleurs donc chaque dépense doit être justifiée ce qui freine un peu le recrutement d’Ingénieurs. De toute façon, en “importante ONG médicale” je crois qu’il n’y a que la Croix Rouge et MSF qui peuvent se permettre d’avoir ce genre de poste sachant que MSF par exemple, a été prix Nobel de la paix en 1999 (et ce n’est pas rien !). Du coup à part ces deux ONG, il n’y en a pas énormément qui recrutent des Ingénieurs dans le domaine du biomédical.

 

Et toi comment imagines-tu ton futur ?

En fait je ne fais jamais trop de plan pour l’avenir mais je pense continuer dans l’humanitaire. J’ai vu des petits hôpitaux au Laos ou en Equateur qui recherchent des Ingénieurs Biomédicaux. En général ce sont plus des infrastructures de pays peu développés qui cherchent des bénévoles ou volontaires pour du transfert de compétences qu’ils n’ont pas là-bas dans leurs équipes. Après, pourquoi ne pas repartir en mission, cela dépend du pays. Par exemple en Haïti je me sentais particulièrement touché par ce qu’il se passait là-bas comme j’en parlais tout à l’heure. Cela dépend aussi du danger car certains lieux peuvent être très dangereux et certains risques non maîtrisés, ces endroits sont moins dans mes ambitions. Après, bien que j’envisage tout à fait de revenir en ONG, cela m’intéresserait aussi peut être de retourner dans le privé.

Est-ce qu’il y a un clivage avec le privé, est-ce plus difficile d’y revenir ?

Alors c’est intéressant je vais te donner un exemple concret ; quand j’étais sur la fin de ma mission en Haïti j’ai mis mon profil en ligne pour prendre la température et beaucoup d’entreprises m’ont contactées car mon profil était atypique. De plus, MSF est reconnu dans le monde pour son action et les entreprises considèrent que plus tu as eu des expériences à l’étranger et dans des types de services différents plus tu es polyvalent. C’est mieux perçu je pense plutôt que de passer 20 ans dans la même entreprise au même poste.

 

Est-ce que tu aurais quelque chose à rajouter, une anecdote par exemple ?

Oui j’en aurai bien une : à la coordination, une assistante passe me voir et me demande si je pars bientôt. Je lui réponds que comme d’habitude, oui je ne vais pas tarder. Elle me dit alors « Ok alors tu me diras parce que je pars avec toi ». Comme je ne comprends pas ce qu’il se passe, elle me dit que des coups de feu ont été tirés à côté de l’hôpital. Il y avait une manifestation et des tirs avaient été échangés sur le chemin pour rentrer chez moi. Heureusement on a pu faire un détour pour la ramener chez elle sans trop de mal.

Une autre qui résume bien aussi le changement de réalité auquel on était confronté : quand nous étions dans notre maison partagée, un de mes collègues était au téléphone avec sa copine en Belgique quand soudain des coups de feu résonnent pas très loin. Elle se met alors à paniquer un peu lui dit de se mettre à l’abri etc alors que c’était devenu pour nous (comme ça l’est pour les gens là-bas) un bruit de fond assez « commun » et auquel nous ne prêtions presque plus attention tant qu’ils ne représentent pas une menace immédiate. Un autre et dernier exemple qui me vient à l’esprit c’est le simple fait que l’on nous déconseillait de porter des sacs pour la simple raison qu’un sac à 50€ représente déjà un mois et demi de salaire là-bas sans compter ce qui pourrait se trouver à l’intérieur. Pour l’histoire, un jeune a été tué non loin de la maison dans une rue « huppée » du centre-ville pour son sac… Il contenait un sachet de noodles (nouilles instantanées). Tout ça pour dire que vivre dans ce genre d’endroit fait relativiser terriblement sur le train de vie paisible que nous avons en France et la chance qui nous ai donnée, autant en matière d’éducation que de santé ou de sécurité.

 

Et que peux-tu nous dire de la place des femmes dans le domaine de l’humanitaire puis de l’ingénierie par rapport à ton expérience là-bas ?

Elles sont très présentes et la majeure partie de mes collègues étaient des femmes mais il faut savoir que les femmes sont beaucoup plus représentées de nos jours dans le milieu de l’ingénierie biomédicale ainsi que dans l’humanitaire, ce qui est un très bon point.

Merci d’avoir répondu a nos question et bonne chance a toi pour la suite !

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COMMENTAIRES



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    Don nestho 08 janvier 2021 à 10h01 - Répondre

    0 0

    Bonjour,excursez moi de n’est pas réagir directement par rapport à l’article.
    Je cherche une association d’ingénieurs hydrauliciens/ou un ingénieurs hydrauliciens retraité qui fait dans le volontariat.

    Merci et à bientôt



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    chocoaddict44 18 janvier 2018 à 23h01 - Répondre

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    Excellent interview, très riche en contenu et intéressant , bravo !



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